Je suis fan de ces spectacles de marionnettes. J'adore voir mes enfants s'amuser, crier en voyant le méchant voleur arriver dans le dos de Guignol, rire aux pitreries de ce personnage et aux gags du spectacle.
Et puis, les marionnettistes ajoutent toujours des petites anecdotes pour les parents qui sont vraiment hilarantes. C'est un moment particulier, où je m'amuse autant que mes petits, et j'adore ça.
Pour preuve, j'avais souhaité les interviewer pour le magazine Sortir au Havre, interview qui a été fortement réduite pour pouvoir tenir sur une page. Alors que l'échange que j'avais eu avec Pascal Pruvost, le marionnettiste des Petits Bouffons de Paris avait franchement été intéressant. Aussi, je vous propose de retrouver notre entretien ci-dessous, en intégralité!
Vous avez commencé cette année vos interventions au Havre, comment se passe vos spectacles ici? Quelles sont vos impressions sur le public, la ville?
Pascal Pruvost : Nous venons au Havre depuis le mois de février, un dimanche par mois faire un spectacle aux Docks Vauban. Ce sera notre première édition des Z'estivales. Jusqu'ici, nous n'avons pas eu le temps de voir la ville, de nous promener, nous ne faisons que des allers-retours rapides. Alors pour moi, jouer au Square Saint-Roch pendant les Z'estivales sera intéressant ne serait-ce que pour découvrir la ville.
Le public havrais est enthousiaste, très réceptif à nos spectacles. Certains enfants nous apportent même des gâteaux à la fin de nos spectacles!
Pouvez-vous nous décrire votre métier de marionnettiste?
J'ai une formation de comédien, mais je trouvais cela frustrant de ne jouer qu'un rôle à la fois. Alors qu'être marionnettiste, c'est se mettre en avant mais en restant caché. On joue tous les rôles, on créé tout, c'est une vraie liberté. Et puis il y a une interactivité particulière avec le public et les enfants. Par exemple, récemment dans un spectacle, je parlais de ces oiseaux qui vont sur le dos des crocodiles en les appelant les "Piou piou". Et un enfant a réagit en me disant" non, ça s'appelle un pluvian!" J'ai vérifié le soir, c'était vrai. Je m'amuse de ces réactions d'enfant, c'est à la fois intéressant et ça nous pousse à faire attention à ce que l'on dit.
Et c'est un métier physique, qui demande une certaine forme physique pour ne pas avoir de souci! Chaque marionnette pèse 500 grammes, un spectacle dure 40 minutes et nous pouvons jouer jusqu'à 3 représentations par jour pendant une semaine. Pendant tout ce temps, nous restons les bras en l'air, jusqu'à 10 minutes d'affilée, avec beaucoup de gestes à faire. Dans nos spectacles, nous sommes 2 marionnettistes. Je joue 80% des rôles et mon collègue, Bernard Willeme, m'aide parfois pour certaines marionnettes, s'occupe de la régie et conçoit les décors. C'est un vraie collaboration.
Pouvez-vous nous présenter Guignol, qui est-il?
Guignol a 200 ans, au début, c'était un spectacle pour adultes. Mais il a évolué, et aujourd'hui, c'est un mélange subtil d'histoires pour enfants et de clins d'œil pour adultes. Pour cela, nous faisons toujours référence à l'actualité dans nos histoires.
Chaque marionnettiste donne sa personnalité à son guignol. Nos personnages sont proches du guignol lyonnais, avec la tradition du Théatre Anatole, créé en 1936 dans lequel notre compagnie travaille. C'est un mélange équilibré entre le pourfendeur de l'autorité, l'espiègle et la farceur. Guignol est enjoué, c'est un trublion qui fait les 400 coups. Il sait qu'il ne faut pas faire certaines choses, mais il les fait quand même puis dit qu'il ne faut pas le faire… Il est le miroir de l'enfant, de ses rires et de ses craintes. Il lui permet aussi d'exorciser ses peurs. Mais nos histoires finissent toujours bien, la sorcière finit par se faire avoir, c'est cela que les enfants adorent.
Comment se construit un spectacle de Guignol?
Chaque compagnie a sa façon de travailler, ses propres marionnettes, décors et histoires, son propre style. Nos spectacles s'appuient d'abord sur nos marionnettes. Leur tête est sculptée dans du tilleul. Puis, nous devons la peindre, la coiffer puis l'habiller. Au total, il faut environ 2 jours de travail pour concevoir une marionnette. Nous avons une centaine de marionnettes et une quarantaine de décors, que nous n'utilisons pas de façon égale. Mais les enfants commencent à connaître les personnages. C'est un repère pour eux.
Et puis il y a l'histoire. Certaines existent déjà : ce sont des classiques que nous réécrivons, que nous manipulons pour les adapter selon nos inspirations. Et nous créons des histoires, une par an : nous partons d'une idée, de ce que nous avons envie de faire. Nous ne devons pas coller aux attentes du public, mais les surprendre. C'est pour cela que les gens viennent nous voir nous, et pas une autre compagnie.
Et comment se déroulent vos spectacles?
Notre spectacle, c'est au départ une improvisation, avec un fil conducteur et des événements précis de l'histoire. Mais le plus important, c'est ce qui se passe pendant le spectacle, les réactions du public. C'est un moment propre à l'enfant. Il est assis, séparé de ses parents, il est absorbé par le spectacle. Mais l'enfant voit aussi ses parents rire pendant les mêmes moments que lui. Il y a des échanges entre eux de regards et de rires communs. Guignol, c'est une occasion de partage familial, un instant important entre parents et enfants.
Plus d'information sur la compagnie des Petits Bouffons de Paris ici.
Agenda de Guignol pendant les Z'estivals :
Les 6, 13, 27 juillet et 3 août au Square Saint-Roch, séances à 15h et 17h.
Les 7 et 20 juillet aux Docks Vauban, séances à 15h et 17h.
Et le reste de l'année, aux Docks, tous les derniers dimanches du mois!
